👶 Je vais bientôt devenir papa.
Et ces derniers temps, une question me hante plus que je ne l’aurais cru : faut-il publier des photos de son enfant sur les réseaux sociaux ?

C’est une réflexion que je n’avais jamais vraiment poussée avant.
Mais aujourd’hui, elle me semble incontournable. Parce qu’à l’ère des smartphones et des stories, poster devient un réflexe. On documente tout : les premières échographies, la chambre qu’on prépare, les petits vêtements, les premiers sourires… Et l’envie de partager est naturelle. C’est beau, c’est émouvant, on a envie de dire au monde qu’on est fier, qu’on est heureux.

Mais voilà.
Plus j’y pense, plus je me dis que cette impulsion entre en tension avec d’autres principes qui me tiennent tout autant à cœur.

D’abord, la question du consentement.

Mon enfant ne pourra pas me dire : « Je suis d’accord pour que tu postes cette photo ». Ni maintenant, ni dans quelques années quand les images auront déjà circulé. Il n’aura pas choisi de grandir avec une identité numérique créée pour lui, sans lui.

Ensuite, la protection de sa vie privée.

Une photo postée, même dans un cadre soi-disant « privé », peut être capturée, partagée, détournée, utilisée hors contexte. Il n’y a pas de bouton magique pour effacer ce qui est déjà parti sur les serveurs d’une plateforme.

Et aujourd’hui, il faut aussi parler de l’usage de ces images par les intelligences artificielles.

De nombreuses IA sont entraînées en partie à partir de données en ligne, y compris des photos. Ce qui signifie que le visage de mon enfant, s’il est mis en ligne, pourrait un jour se retrouver dans un dataset d’apprentissage, intégré à un modèle génératif, voire utilisé pour créer des deepfakes ou pour « entraîner » des applications que je n’ai jamais autorisées à le voir.
On ne parle plus seulement de vie privée. On parle d’exploitation, d’automatisation, de réutilisation potentiellement incontrôlable.

Et puis, il y a la dimension éducative.

Quel exemple est-ce que je donne si je lui demande plus tard d’être prudent sur Internet, alors que moi-même j’aurais documenté toute son enfance en ligne, sans filtre ? Si je veux qu’il comprenne ce que veut dire « intimité », je dois sans doute commencer par la respecter dès ses premiers jours.

Ce n’est pas un jugement. Je comprends l’élan de publier, de partager, de célébrer.
Mais je crois que l’époque demande qu’on s’arrête deux secondes avant de poster. Et qu’on se demande :
– Pourquoi est-ce que je partage cette image ?
– À qui est-ce qu’elle appartient, au fond ?
– Et quel monde numérique je construis pour mon enfant, dès aujourd’hui ?

Et vous, parents ou futurs parents, vous avez réfléchi à ça ? Vous partagez ? Vous vous retenez ?
Je serais curieux de lire vos retours. 🙏